Photographes
Lorsque la Galerie LOFT devient le fer de lance de l’art contemporain chinois en Europe à la fin des années 1990 il apparaît de manière évidente que pour comprendre ce mouvement artistique alors en pleine formation, il est nécessaire d’en explorer toutes les facettes. Les calligraphes expérimentaux et les peintres du Political Pop Art ont succédé aux sculpteurs des Stars sur le devant de la scène, mais au-delà de la peinture et la sculpture, de nouvelles formes de créations apparaissent à cette époque. C’est au cœur du Beijing East Village, quartier délabré pour travailleurs migrants et étudiants en périphérie de la capitale, que se forme la première génération d’artistes perfomers chinois.
Sans matériel et sans moyens, leurs performances sont surtout dirigées sur le corps dans tous ses états. Ce sont essentiellement les photographes qui faisaient partie de cette communauté (notamment Rong Rong) qui vont marquer par leur œuvres un tournant de l’art contemporain chinois. La photographie chinoise devient ainsi témoin des transformations fulgurantes que connaît le pays en quelques décennies. Critique du capitalisme (Wang Qingsong, Zhao Bandi), de la mutation du paysage des villes et des campagnes (Hai Bo, Weng Fen), de la question du genre et de la place des femmes dans la société (Ma Liuming, Chen Lingyang), mais aussi de la censure subie par les artistes à cette époque (« Tatoo II » de Qiu Zhijie), la photographie chinoise se développe rapidement jusqu’à intégrer les formes les plus élaborées de la technologie. Les œuvres de l’artiste Chen Man, star internationale incontournable de la photographie de mode, sont des créations qui, entre art et esthétique, portent en elles toute l’ambiguïté des jeunes générations d’artistes chinois happés par un système à la fois nationaliste et mondialiste.
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