JOSÉPHINE DE SAINT-SEINE

Joséphine de Saint-Seine, née à Paris en 1974, a grandi à Apremont, un petit village de Picardie et vit et travaille aujourd’hui à Marseille. Privilégiant dans un premier temps la peinture à l’huile, elle s’adonne à partir de 2016 aux encres naturelles (encre de chine et encres végétales qu’elle conçoit elle-même). Elle développe dès lors un travail progressif autour de l’exploration des origines des êtres et des éléments qui constituent notre planète. Elle se nourrit de formes et de textures, de matières et de sensations, de symbolique des couleurs et de l’imprévisibilité de l’encre touchant le papier, de lignes et d’évanescence, mais aussi des vertus médicinales des plantes, des vertus physiques et spirituelles du modelage, et de celles, poétiques et mentales de l’écriture…
De la Terre, comme du ciel…

Véritable « alchimiste » elle exploite ainsi de nombreux supports pour parvenir à exprimer les sensations qu’elle ressent face au monde qui l’entoure : plantes, textiles, verre soufflé, installations, vidéo, argile… autant de matières qui nous offre à chaque œuvre une bribe de son être…

Sur ses toiles, des plantes à différents stades d’éclosion sont peintes à l’huile sur des plans techniques, évoquant la poésie de l’immatériel qui germe à partir du monde tangible. Leurs formes végétales envahissent la surface de la toile dans un langage hybride et pluriel où l’écriture et l’image sont intrinsèquement liés. Sublimes et fragiles, teintées d’une dimension charnelle et délicieuse, parfois lascives et offertes, parfois mystérieuses et impénétrables, elles sont toujours marquées par une préciosité de la touche et une finesse qui s’inspire de la calligraphie et de la gravure. De l’architecture industrielle émerge ainsi une architecture végétale dont les fleurs, délicates et perçantes, nous touchent et s’insinuent en nous. Elles nous imprègnent d’une émotion à fleur de peau, comme une éclosion d’un monde végétal qui vient reprendre ses droits, ceux de la terre nourricière et prégnante, lien ultime entre tous les hommes.

De la terre Origine, à la terre Matière, il n’y avait qu’un pas. Joséphine de Saint-Seine le franchit en réalisant des petits mondes, à prendre au creux de notre paume et à caresser du bout des doigts. Ses poids et ses faînes en argile, sont ainsi modelés, séchés, cuits, polies et gravés selon un long processus qui les rendent si uniques. Ces œuvres « à toucher », émaillées, patinées ou polies, sont autant d’univers à explorer à notre tour. Peuplées de nuages, de montagnes, de fleurs et de lignes de vies, leurs sillons sont parsemés de pigments d’or en héritage de la tradition du Kintsugi, l’art japonais consistant à réparer des pièces de poterie cassées avec de l’or pour sublimer leurs imperfections.

À l’image de cet art ancestral, l’œuvre de Joséphine de Saint-Seine est conçu dans une vision organique et « médicinale » d’un tout, où chaque élément possède sa propre histoire et peut nous apporter beaucoup. Pour l’artiste « c’est surtout le « soin » qui m’intéresse. A la fois celui des plantes (elle réalise elle-même des crèmes naturelles à base de plantes qu’elle cultive), mais aussi des œuvres. C’est un soin aussi. On a besoin de beauté, on a besoin de toucher, on a besoin d’être connectés à des choses qui nous sortent de tout ce qu’il y a d’oppressant autour de nous ».