EXPOSITION « PICASSO 50 ANS DÉJÀ » AVEC PHILIPPE HUART

Philippe Huart expose le Minotaure, « Picasso 50 ans déjà », qui rend hommage à Pablo Picasso, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort. 

« En Minotaure », portrait masqué d’une déité mise à nu.

Créer une œuvre pour les 50 ans de la mort de Pablo Picasso n’est pas anodin. 

Vouloir saisir l’essence d’un homme que tout le monde connaît, d’un artiste dont les œuvres ont révolutionné et continuent d’alimenter l’imaginaire collectif depuis plus de 100 ans oblige en effet à offrir aux spectateurs une part de lui que nous pouvons tous identifier tout en parvenant à nous surprendre. 

C’est par le biais de sa pratique artistique basée sur l’hyperréalisme que Philippe Huart, artiste de la réalité objective, choisit d’incarner l’artiste espagnol en l’abordant sous un angle inédit, celui de l’inquiétante étrangeté (unheimlich), terme défini par Freud pour évoquer le trouble de ce qui est à la fois familier et perturbant. 

Une créature cagoulée aux bras musclés, croisés sur un torse nu et velu, et qui semble parfaitement à l’aise avec son corps et sa virilité, se dessine alors sous nos yeux. Surplombant son cou, un épais sac laisse deviner des cornes pointant sur le haut de son crâne et des naseaux qui s’étouffent sous les plis trop serrés du plastique noir. Cet être hybride c’est le Minotaure, figure mythologique que Picasso endossait dans nombre de ses peintures et dessins pour représenter sa propre fougue sexuelle et ses pulsions instinctives créatrices. 

Autre détail singulier, l’anse du sac plastique, qui n’apparait habituellement jamais dans les peintures de Philippe Huart, vient souligner l’éphémèrité de sa présence. Est-on alors face au Picasso facétieux qui aimait s’affubler de nombreux masques (têtes de taureaux en paille ou masques primitifs africains) comme pour mieux se cacher ou à l’inverse face à un artiste complexe et fragile acceptant de se mettre à nu ? 

La réponse réside probablement dans la main qui se dévoile à gauche du tableau. Parée d’une alliance, elle symbolise l’amour que Picasso portait aux femmes ayant marqué sa vie et nous confirme que c’est bien la dualité de l’homme, celui qui sait être tendre malgré sa bestialité, qui est ici personnifiée.

En Minotaure est ainsi une œuvre qui fait non seulement le lien entre les univers de ces deux artistes possédant une puissance esthétique mêlée d’une grande sensibilité mais qui apparaît également comme un fascinant support d’introspection face aux dédales de l’esprit et de l’âme humaine. 

Malika VINOT

Philippe Huart, En Minotaure, Huile sur toile, 130 x 97 cm