Exposition

«Cola Projet» – HE Xiangyu – 17 fév. au 09 avril 2011

  • Exposition Du 17 février au 09 avril 2011

Vernissage : Jeudi 17.2.2011 à 18h.

Exposition : 17.2.2011 – 09.4.2011

Artiste : HE Xiangyu


He Xiangyu est né en 1986 à Kuandian, dans la province chinoise du Liaoning, et vit aujourd’hui entre Berlin et Pékin. Il est connu pour son œuvre provocatrice et dénonciatrice, recourant à d’imposantes installations.

Pour créer le projet Cola (2009), un paysage apocalyptique de matière noire comme du charbon évoquant une défécation géante ou des déchets minéraux, il a employé dans une scierie une équipe de travailleurs migrants, portant à ébullition 127 tonnes de Coca-Cola pendant une année entière. Il s’agissait de dénoncer aussi bien la nature insidieuse de la culture de consommation mondialisée qui bouleverse la culture chinoise, que les modes et rapports de production capitalistes qu’elle implique.

Dans le même ordre d’idées, une autre oeuvre (2011) représente un tank, réalisé dans une usine par des ouvrières deux années durant, à la main, avec du cuir italien de luxe. Critique explicite de la violence des rapports sociaux se traduisant dans l’engouement des plus riches pour les produits de luxe occidentaux, mais aussi de la vacuité morale de cet étalage de luxe : le tank est mou, et semble écrasé au sol. Il dit admirer Maurizio Cattelan, dont il aime particulièrement l’irrévérence.

Chez He Xiangyu, le processus artistique consiste souvent à ruser face à la censure pour en repousser les contraintes, ce qui compte au moins autant que le résultat exposé. L’art est subversion. « Rien de ce qui n’est pas autorisé en Chine ne peut ne pas être fait », confie-t-il dans une déclaration désormais célèbre. Il critique ouvertement la politique de l’enfant unique ayant marqué sa génération, en exposant un oeuf unique dans une grande boîte à oeufs en 2011. The Death of Marat (2011), une sculpture en résine représente de façon réaliste, à la fois glaçante et humoristique, le cadavre de l’artiste dissident chinois Ai Wei-Wei tombé par la fenêtre d’une galerie allemande. Le titre de l’oeuvre fait référence à la mort du révolutionnaire français Jean-Paul Marat représentée par Jacques-Louis David, élevant ainsi Ai Wei-Wei au statut de héros tragique. Les oeuvres plus récentes dénotent une réflexion plus en introspection. L’artiste met en scène des moulages de sa bouche et de ses dents.

A peine âgé d’un peu plus de trente ans, He Xiangyu jouit depuis plusieurs années d’une renommée de prestige international. Il a ainsi représenté en 2019 la Chine à l’occasion de la 58e Biennale de Venise, et été exposé au Centre Pompidou, deux institutions qui le consacrent comme un incontournable de l’art contemporain chinois.

Il vit et travaille à Pékin en Chine et à Berlin.


COCA-COLA PROJECT

De nos jours le logo de « Coca-Cola » est considéré comme un symbole uni- versel du capitalisme. Pourtant, il est si populaire que même un pays communiste comme la Chine, le reconnaît et le consomme de manière importante. Ce thème du « Coca-Cola », notamment en raison de ce paradoxe, a ainsi été traité par de nombreux artistes, chinois et internationaux, plus particulièrement au sein du Pop art.

He Xiangyu, artiste de 25 ans originaire de Liaoning, province du nord-l’est de la Chine, a développer sa propre réflexion artistique sur cette question au travers de son «Projet Coca-Cola». Bien que He Xiangyu soit un jeune artiste, sa pratique artistique a aujourd’hui atteint une très grande maturité et une étonnante complexité. Fortement influencée par l’art traditionnel chinois son œuvre est directement axée vers la recherche de la « spiritualité de l’objet ».

Il se procure 120 tonnes de Coca-Cola qu’il fait bouillir dans une usine. L’eau qui forme la majeure partie de cette boisson s’évapore alors au fur et à mesure dans l’air. Après plusieurs mois de travail, il ne reste que des tonnes de «scories», véritables cendres minérales qui se présentent sous la forme de cristaux noirs artificiels. Par cette pratique qui consiste à éliminer les éléments superflus de l’objet, la boisson, libérée de sa forme liquide, recouvre sa dimension naturelle et organique et se transforme en une résine cristalline d’une ‘minéralité’ rappelant les pierres caractéristiques des Jardins Chinois.

Dans un premier temps, ce « Projet Coca-Cola » semble donc une critique sur l’envahissement de la culture occidentale, et plus spécifiquement américaine. Pourtant, He Xiangyu n’a pas l’intention d’exprimer de rejet de la culture américaine, ni une aversion contre le post-modernisme culturel. Au contraire, son but réel est de comprendre pourquoi la Chine n’a pas pu se défendre face à l’incursion de la culture occidentale ces 30 dernières années.

Cependant, la valeur de ce « Projet Coco-Cola » ne s’arrête pas seulement d’un point de vue de critique historique et sociale. Pour l’artiste c’est au croisement de la réflexion sur le concept culturel du Coca-Cola et sur son apparence physique que l’oeuvre prend tout son sens. Le fait de faire « Bouillir le Coca-Cola» deviens une clé pour donner une nouvelle dimensions à cette oeuvre. Par le processus de « cuisson » He Xiangyu dénonce les dégâts qui sont engendrés par l’industrie Coca-Cola, tant au niveau physique que culturel, tout en supprimant dans le même temps toute la signification culturelle originelle de ce produit en le renvoyant à un état «naturel».