Exposition à venir

Les présences invisibles

Commissaire d’exposition
Théo Bellanger

En tant qu’agent d’artiste j’ai le plaisir d’être invité par la Galerie LOFT à Paris, à présenter quatre artistes que j’accompagne dans leur création.

Pour cette exposition, fruit de la collaboration inédite avec les galeristes Jean-François Roudillon et Yu-Wen Huang, je vous propose de sentir les présences invisibles, des présence-absence silencieuses, tapies dans la peinture et la photographie. Quelque chose surgit de ces œuvres qui sont des portes ouvertes sur des mystères et des sensations. Tout semble s’affranchir du réel, lentement, comme un son presque imperceptible qui glisse dans le vent, pour nous ramener dans un imaginaire qui est celui du souvenir et de la mémoire. Les présences invisibles sont les regards de ces artistes qui voient au-delà du réel et qui s’attachent à retranscrire l’infiniment petit et l’infiniment grand. Ils touchent ce qui échappe à l’œil du commun.

Rita Alaoui ouvre des portes sur des univers végétaux mystérieux où l’être humain semble avoir perdu trace. Elle nous plonge dans un hors-temps où s’élèvent des végétaux imaginaires monumentaux. Sont-ils en train de danser ? Sont-ils des totems ? Sont-ils une forêt magique ? Rita a ce double regard de la contemplation et de la fascination qui extrait l’ineffable des choses.

Mathias Bensimon explore la lumière et la matière, présence-absence dans l’univers en expansion. Ce sont des portraits imaginaires de la lumière nés d’intuitions. Aussi, crée t-il une atmosphère apaisante, affective qui confine à la méditation. Les couleurs ne sont que le rendu matériel des émotions et de l’écoute du peintre face à son environnement.

Solène Kerlo, quant à elle, invoque les récits anciens et les symboles des civilisations disparues à travers une peinture brute où le pigment brut se confronte avec force à l’huile. Se dégage alors une litanie venue d’ailleurs, une psalmodie qui réveille les sens et un langage universel sur la Vie et la Mort. Les traces s’élèvent en signe primitif rituel qui rappellent les origines de l’Art.

Dans cette série argentique intitulée « Épilogue », Astrid Staes nous livre le dernier écho avant le silence. « Épilogue » présente une vie immobile, une vie suspendue. Les photographies sont des noces de cendres, les objets sont des reliques – un marteau piqueur, une tasse, une chaise vide. Quelqu’un a déserté. Cette série suppose l’aboutissement, le moment où le silence se pose après une longue histoire. Demeure un peu de brouillard qui se dissipera avant un nouveau prologue.

Ces présences invisibles, ce sont aussi, d’une certaine manière la collection qui m’aurait animé étant plus jeune, celle dont j’aurais pu rêver sur les murs de mon petit appartement d’étudiant. Elles m’inspirent et nourrissent mon imagination. J’invite votre mémoire à vous rappeler la collection artistique à laquelle vous auriez pu aspirer étant jeune. La galerie présente ainsi un portfolio de fragments imaginés, de couleurs rêvées, de sons vus ou entendus et de textures désirées que j’ai réunis avec les œuvres de ces artistes qui m’animent.