Gustavo Urruty • Amours nécessaires • Exposition photographie
Dans le cadre de PARIS PHOTO, la Galerie Loft accueille une exposition de l’artiste argentin « Gustavo Urruty ».
Exposition du 4 au 16 novembre 2019.
Vernissage Lundi 4 novembre à partir de 18h.
Avec la participation de Jean-Gabriel Mitterrand
Commissaire d’exposition pour les photos / Chantal Soler
Quand il parcourt la planète poussé par ce qu’il appelle son « Complexe d’Ulysse » Gustavo Urruty a une double vie… Professionnelle et éclatante devant la caméra, elle se fait des plus discrètes derrière.
Gustavo, au cours de ses pérégrinations cosmopolites durant les années 90, ne se sépare pas de son Leica, appareil recommandé par le grand photographe argentin Aldo Sessa qu’il assista parfois durant ses études de lettres et d’histoire de l’art à Buenos Aires. Celui-ci lui enseigne à choisir ses lumières autant que ses sujets.
À l’époque ce vagabond de la mode, défilant et posant tout azimut, pose son regard sur un univers désirable, encore presque intact à la veille du XXIe siècle. Il raconte avec un demi sourire : « La photo m’a sauvé de cette angoisse existentielle du mannequin. Quand le monde entier te drague et qu’on vit solitaire au jour le jour ». Ses coups de foudres, traduits en images adulées, accompagnent une vie très privée.
Car la condition amoureuse, réveillée par des motifs très divers, est nécessaire à ses clichés de latin lover faussement détachés. De son Argentine natale il n’emporte que les amoureux qu’il se garde de déranger sur les bancs des jardins publics, voisins d’une Tour des Anglais monumentale et désertée.
De Venise à Paris, l’idylle s’inscrit en filigrane dans les tons estompés des billets doux qu’il adresse à ces lieux, immuables dans leur romantisme. Mais quand il navigue au large du pont de Bir Hakeim c’est pour retrouver les échos torrides d’un « Dernier Tango ».
À Rome c’est en visiteur anonyme qu’il approche les jardins de la Villa Médicis avant de se glisser au plus proche des amoureux du Capitole jusqu’à frôler le marbre dans lequel ils sont figés.
Il photographie de brèves rencontres comme des escapades hors de lieux familiers : draps froissés proustiens à Cabourg et chambre avec vue sur la Manche , moments amicaux dans le vieil Ibiza qui fut un moment sa « deuxième patrie », pêcheurs secoués à l’autre bout du monde dans la baie d’Hong Kong…
Il surveille, de haut, une rue des beaux quartiers parisiens où des couples se croisent, rêvant de quatuors, alors que ses effigies newyorkaises sont de phalliques gratte ciels, nus et découpés dans la pierre et la lumière.
Gustavo Urruty avec une discrétion de bon aloi, éprouve et partage une irrésistible émotion, face à ces lieux venus à la rencontre de son objectif… comme des amours nécessaires, essentiels à son travail d’artiste.
Jean-Pascal Billaud